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Alfred Angeletti
(1919-1991)

17 novembre - 8 décembre 2018

De la peinture

Nous avons voulu, dans ce texte, interroger l’œuvre d’Alfred Angeletti, en spirale, c’est-à-dire d’une manière qui nécessite de parler de chaque élément de la spirale (de chaque trait, de chaque ligne qui la construisent) et de montrer dans le même temps la spirale dans son ensemble pour en dégager l’énergie, la récurrence et les liens qui unissent et chevauchent constamment les différentes périodes du peintre.

En préambule nous revendiquons une modeste prudence car ni le développement historique, ni nos références théoriques, ni nos témoignages amicaux ne circonscriront cette œuvre. Elle les contient tous.
Il nous faudra un regard patient et surtout ne jamais oublier d’interroger en nous-mêmes ce que cette peinture contient d’universel. La peinture, précisément, ce seul et vrai propos d’Alfred Angeletti, la peinture comme empreinte, comme source, comme tradition, comme ouverture qui oblige l’œuvre à être plus qu’un objet, qui questionne l’hétérogénéité contemporaine, qui résiste à l’artifice, qui voile les supports tout en les dévoilant, qui imprègne le geste en même temps que l’esprit. Intentions de rectitude, de rigueur, de senti.

« L’art n’est pas le décor de la vie, un divertissement qui nous la ferait supporter. Il n’est pas davantage une mise en scène de soi, la projection au dehors de ce qu’on est déjà, avant l’œuvre et sans elle, bref de ce que l’on appelle communément : s’exprimer. Pour celui qui fait œuvre, il y va de son être dans cette œuvre, à l’avancée de laquelle seule- ment il existe ». Henri Maldiney, interview Art Press, n°153 p18.

La complexité féconde, polymorphe, rapproche la peinture d’Alfred Angeletti de celle de Jean Degottex, de Piero Dorazio. Mais elle est singulière aussi, en ce sens que l’époque s’y absorbe et que les fêlures existentielles s’y investissent. Elle est inclassable encore tant le parcours est défini par la seule exigence intérieure. Inclassable, certes, mais faisant allusion aux contemporains par des similitudes de préoccupations, de questionnements : la limite, la frontière des espaces ainsi que leur répartition, la monumentalité (de l’œuvre même lorsqu’elle est de petit format), la sérialité, la déclinaison des motifs, le rapport peinture/mur.

La formidable capacité de transformation qui anime cette œuvre doit aussi être liée à la constante curiosité de l’artiste envers la production des artistes les plus jeunes.

Germain Roesz (extrait d’Alfred Angeletti, Editions La Différence, 1991)

                                                                                                                                    

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