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Charlotte Denamur
Cédric E
sturillo
Duo, duel, dual

15 mai - 09 juin 2018

Entre les paupières

L’exposition de Charlotte Denamur et Cédric Esturillo accueillie par la Galerie B+ à Lyon nous montre, si besoin en était, l’intérêt croissant des jeunes créateurs pour la matière, ses états et ses assemblages qui empruntent aux anciens tours de main, artisanaux et populaires. Tout est dit avec les mots des métiers qui s’assument pleinement sur la scène contemporaine : tampons, empreintes, jus colorés, bains de teintures, pigments, textiles en vrac ou taille de bois brut… L’exposition, construite en duo, joue des oppositions douces et des contrastes de densité, de texture et de couleur, saturée ou translucide, chimique ou organique. Ces combinaisons visuelles, sans hiérarchie de valeur, des matières nobles ou triviales sollicitent aussi le geste. Là tout n’est que rythme et mouvement, apparition, fuite ou dissimulation. Pour atteindre la vérité des pièces en terre et des tissus peints sur le sol, il faut se baisser, s’éloigner, lever les yeux, contourner l’obstacle posé au pied, saisir l’ensemble d’un recto-verso ou le détail d’un relief. Se laisser porter par le devenir des formes qui débordent et les capacités des matériaux bruts à s’assembler ou s’exclure dans le paysage de l’installation. C’est ici, dans les jeux fins des plans de la sculpture et de la peinture, que s’inventent de nouvelles images comme extraites de la matière ordinaire. Ces figures écrivent la fiction d’un carnaval de formes hybrides et comme posées hors du temps. Dans les sculptures superposées, les opacités et le mouvement des voiles, il y a des récits archaïques qui courent, des mythes réinventés et des présences sentimentales. Des clichés qui clignotent. Les artistes organisent l’espace comme un jardin de motifs avec des rêves qui fuient dans les transparences et dans les ombres. Ils nous invitent à pénétrer cet agencement fait de paillettes de signes et d’images où rien n’est complètement certain ni tout à fait sérieux. Un univers de petites traces, de griffures, d’objets au statut ambigu, d’allusions cocasses et de grands gestes qui écrivent des histoires à dormir debout dans des nuits peuplées.

                                                                                                           Christian Sozzi I Galerie B+ Lyon

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