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Gilbert Houbre

composition

20 septembre - 19 octobre 2019

vernissage jeudi 19 septembre

maison Loisy
rivière orange
famille
Vue d'ensemble
rivière Vosges
rivière, plongueur 2
riviere, le plongueur 1
rivière jeunes filles sur le banc
les deux jumelles
jardin Loisy
jardin Loisy
jardin Loisy
jardin Loisy
jardin Loisy
le camp d'Attila
jardin Loisy
famille
famille
famille
famille
maternité jaune
maternité rose
maternité jaune
maternité rose
vernissage
vernissage
Vue d'ensemble
maison Loisy
maison Loisy
Vue d'ensemble
le camp d'Attila

Le feu aux couleurs   

Le feu aux couleurs

« Avant tout, je ne crée pas une femme, je fais un tableau (...) » Henri Matisse, Portraits, 1954

L’œuvre peinte de Gilbert Houbre offre un univers multiple de scènes classiques, d’iconographie chrétienne, de songes orientaux et de symbolisme subtil avec des madones primitives au visage grave, des paysages embrasés ou des jardins des délices qui accueillent, sous l’équilibre de leurs compositions, une insurrection des sensations prises dans la matière même de la peinture. Sous les couches mates des pigments d’une gouache lumineuse, l’organisation des vides de la toile espace avec beaucoup de soin des corps et des lieux dans un monde tout à la fois paisible et tendu d’inquiétude. La maitrise du peintre donne une présence intense à ces compositions, en libérant la force de la peinture comme extraite des motifs eux-mêmes. Les jaunes se dorent, s’exaltent à l’abricot, plongent dans l’orangé, s’égarent dans les « rouges fanfares » chères à Baudelaire, deviennent cerise, coquelicot, rubis ou cramoisi dans de grandes harmonies d’analogues qui se relèvent dans le violet. Puis du bleu, du céladon, du vert franc, de l’olive et du violet encore pour finir. Les roses magenta enfin, recouvrant les vêtements et les chairs de la continuité des corps d’une même irréalité. L’autonomie des teintes vives ne semble mobilisée que pour garder une juste distance avec toute forme de naturalisme, au terme d’une traversée de la matière peinte jusqu’à l’ouvert d’un paysage de la vie intérieure.

Cette distance entre le peintre et ses sujets est bien mesurée. Elle n’est pas celle d’une abstraction totale lancée contre la description objective du monde. Entre aplats et modelés, sous l’assaut des lignes et des couleurs opulentes, les figures résistent avec bon- heur à un autodafé qui emporterait tout en mettant le feu aux couleurs. Dans la série des « maternités », un monde d’étonnement s’ouvre sous l’apparition spectrale d’une mère au regard fixement perdu et tenant son enfant mi-ange mi-démon qui la prolonge de sa chair. Les figures sont celles du premier instant de l’apparaitre d’un visage avant même l’ordre des mots. Cette série nous rappelle le regard absent ou incurvé des Mères à l’Enfant de la Renaissance italienne qui regardent sans les voir, et les pères et le monde ...Une rêverie voyante sous les couleurs d’un tumulte de fuchsias et de bleus électrisants. Chez Gilbert Houbre, les paysages n’échappent pas non plus à cette inversion du regard. Quand la peinture qui fuit la vraisemblance des lieux et les séductions du joli se retourne vers le coeur intérieur d’une sensation. Quand le dessin se précise de l’harmonie de la palette, quand le proche et le lointain s’égarent et superposent leur présence, le peintre s’approche, en gourmandise, très près de cette « langue du rêve » dont parlait Paul Gauguin à propos de la couleur et qui raconte la présence d’une force sensible bien éloignée de la description d’une nature.

 

                                                                                                                                  Christian Sozzi I Galerie B+

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