top of page
Hugo Charpentier.jpg

Hugo Charpentier

MIRA ou la naissance du monstre froid

16 octobre - 13 novembre 2021

vernissage samedi16 octobre

« En enfer, que des gens bien »

« Un jour (...), la coordination des connaissances éparses nous ouvrira des perspectives si terrifiantes sur le réel et sur l’effroyable position que nous y occupons qu’il ne nous restera plus qu’à sombrer dans la folie devant cette révélation ou à fuir cette lumière mortelle pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d’un nouvel obscurantisme. (...) »

L’Appel de Cthulhu, Howard Phillips Lovecraft, 1928

Si la crainte de vous faire bombarder d’images comme ces météorites chondrites qui peuplent la terre de cristaux vieux de 4,5 milliards d’années ne vous arrête pas, c’est que vous êtes prêts à rejoindre le monde bouleversant de Hugo Charpentier. Ici, tout est profusions, choc-collisions, corrélations improbables et décharges d’énergie qui lient, fusionnent ou juxtaposent dans une texture complexe, des motifs ornementaux, des figures de la mythologie, l’art des grotesques du moyen-âge comme celui des bandes-dessinées. Un monde de papier se déchiffre dans un désordre aussi indescriptible qu’un songe. Il réunit, pêle-mêle, des corps de chimères, des figures de l’entre-deux flottant dans des abysses, des spectres et des diablotins farceurs, des insectes rampants dont on peut entendre le bruit des élytres. Si vous ne retrouvez pas tout cela dans l’exposition de la galerie B+, non plus que les zébrules, les ligres, ou le Pokémon Fossile, c’est que vous l’aurez rêvé. C’est plutôt bon signe.

Dans ces noces de l’infini et du contingent où semble triompher le mal dominant, Hugo Charpentier fabule et dessine des dystopies étrangement familières autour des frayeurs de la modernité contemporaine. Artiste de la fantasy contemporaine, il squatte les grands mythes et les contes populaires, les citations de textes sacrés comme l’iconographie manga ou le pop surréalisme qui ne se prend pas plus au sérieux pour exprimer l’angoisse que ...le dadaïsme ou le mouvement punk en leurs temps. C’est Alice qui éclate de rire au pays des peurs, des sorciers et des mages. L’artiste du requin baleine et du poulpe familier s’est placé juste sous la cascade des sciences fictions et des jeux de rôles héroïques, des récits gothiques ou ceux de races englouties avec des sirènes nageant sous des mers de feu. Cherchez bien. Tout est là. De Méliès et son « manoir du diable » à Nosferatu, démon du Mal. Dracula et le comte Zaroff. Lynch et Cronenberg. Les aliens et les freaks de gouache et d’aquarelle. Les masques de fous.

Bienvenue chez Perséphone, déesse du Souterrain dont Hugo Charpentier nous montre la voie ouverte depuis des siècles par les illustrateurs, les peintres ou les inquisiteurs de tout poil. Le chemin mène vers le Pandémonium, capitale imaginaire de l’Enfer où Satan préside un conseil exceptionnel des démons quand s’agitent les forces obscures de la corruption, du stupre et de la décadence. Les figures contemporaines du démoniaque n’ont pas pris une ride depuis le haut moyen âge. Accueillons les monstres de gargouille, les autoportraits du Menteur, les princes de la Tentation et les farceurs de théâtre. Vous les reconnaitrez. Un dernier conseil : quand vous essaierez de gagner l’Ile des Morts, ou encore de franchir le Styx, point de passage fluvial vers les Enfers, laissez-vous aller et gardez-vous de résister aux courants.

 

                                                                                                                                  Christian Sozzi I Galerie B+

bottom of page