Lise Roussel
clarté(s)
03 mars - 31 mars 2018
La peinture dans le vif
Lise Roussel peint à plat des compositions verticales, d’un geste très volontaire qui trace et ordonne des plans dans un chaos liquide. Un geste qui construit et bouleverse, donne et retient. Une vigueur de la touche qui insiste puis consent à s’affaiblir à nouveau au milieu d’un désordre lyrique des formes et des couleurs. La gouache et l’aérosol sont les armes de souplesse et de liberté dans un combat contre des forces vives qui se recomposent dans des architectures tentées et s’effondrent encore. Ici, la peinture ne nous dit rien d’autre que ses possibilités à l’état pur et son incapacité à rester en repos. Elle a la vitalité d’une partition qui s’entend dans les rythmes et les tensions courbant les territoires. Un travail d’architecte bâtisseur ouvert à tous les vents dans des équilibres précaires. Dans ces géométries impossibles l’artiste convoque la transparence ou l’opacité, le trait, l’ellipse, la découpe, le passage. Il y a les figures centrées qui fuient hors du champ, les structures esquissées, les amas de couleurs qui explosent et se recomposent au milieu de quelques îles blanches des réserves de papier. Lise Roussel fait parler la langue de la peinture et rien d’autre, même quand elle nous piège avec des ressemblances furtives qui, par éclair, nous font espérer les terres fermes où l’on pourrait poser un pied. Cette peinture dont on ne perçoit pas l’effort, nous entraîne dans un labyrinthe où rien de l’extérieur du dédale n’est visible. Il n’y a là ni affect, ni introspection, ni clé d’une démarche discursive qui trouverait son sens hors de ce qui est peint. L’artiste nous dit qu’il faut accepter de se laisser porter par ce vertige comme un courant qui finira bien par nous ramener sur la berge.
Ou pas.
Christian Sozzi I Galerie B+