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Marc Leonard

peintures

tendre vert, partbleu

21 juin - 20 juillet 2019

vernissage jeudi 20 juin

Sur l’esquif   

Le travail de Marc Leonard nous guide aux confins d’un territoire d’une carte mentale qui, tout en proposant des chemins inédits, nous donne l’étrange sensation de guider nos pas dans des traces familières et déjà parcourues. La peinture nous propose une combinatoire  des plans et des fuites, une variation du tempo et des intensités par la couleur, une tectonique des superpositions et des failles. C’est une interrogation sans fin de l’écart dans une variation tumultueuse entre apparition et disparition, entre économie des moyens et profusion des signes. Une passion de l’entre-deux pour la biographie rêveuse et furtive d’un promeneur poète de sa vie.

 

Comme pour faire le deuil d’un corps en sauvant son désir, le peintre s’emploie contre la figure qui s’impose en excès. Comme s’il fallait évanouir sous un voile la visibilité trop forte d’une présence, le geste occulte, brouille et estompe. Le recouvrement révèle qu’il y a du caché ou du vide. Quand s’anéantit le trop nu d’une présence s’ouvre alors la promesse énigmatique de ce qu’il y a véritablement à voir dans la peinture…

Dans ce précipité instable veille la possibilité d’un naufrage. Là, le peintre appelle le secours d’un ordre pour éviter l’effondrement d’une narration. Menaçant ruine, le chaos s’étaie de plans constructifs pour mettre en sécurité le sens égaré. Il faut alors amarrer la composition autour de quelques ensembles stables comme un morceau de lune ou un bout de mer, la silhouette d’une maison, la présence rassurante d’un droit chemin qui fait mine de conduire quelque part ou celle d’un signe faible, comme une lueur de phare dans la brume. Dans les paysages multiples, la peinture ordonne des scènes avec des traits de coupe qui peinent à combattre l’hydre des désirs de fuite. L’organisation de la peinture se fait alors rempart contre ce qui pousse en herbes folles du rêve, dans les marges des plans. Elle est aussi limite-raccord de la contiguïté des lieux dont elle souligne paradoxalement la proximité dans un récit. Comme si ce qui faisait sens se situait aussi dans la césure.

La charpente de la composition grince et résiste. Elle est toujours défaite. Jamais les barrages fragiles édifiés par le peintre ne contraignent complètement le hasard ni la contamination réciproque des images, ni les glissements des composantes d’un espace dans un autre dans les ambiances liquides de ces paysages ouverts aux grands vents.

Les peintures personnages sont prises dans la même logique des tensions. Les figures spectrales, sorties des usines à images de l’inconscient, viennent au devant de décors construits, le temps d’une pause avant évanouissement. Des souvenirs insaisissables vont et s’en vont alors dans une suite agitée où la toile cherche sa mémoire.

 

Quand la brise de terre se lève et pousse les nuages loin sur l‘océan pour n’en garder que les traces. Alors, ce qui flotte encore comme un passé insiste, puis s’efface.

 

                                                                                                                                  Christian Sozzi I Galerie B+

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