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Séverine Dietrich
Hélène Lameloise
plan-ligne-couleur

14 décembre - 5 janvier 2019

Le lever des couleurs

Fin de soirée. Pays plat. Vaste horizon. Très haut : la lune.

Y - Comme c’est beau !
X - Quelle profondeur de ton et de couleur !
Z - Quel repos !
Y - Ainsi la nature vous émeut, vous aussi ?

Z - S’il n’en était pas ainsi, je ne serais pas peintre.
Y - Comme vous ne peignez plus d’après la nature, je croyais qu’elle ne vous

touchait plus du tout.
Z - Au contraire, la nature m’émeut profondément. Je la peins seulement d’une

autre manière.

Extrait du texte « Réalité naturelle et réalité abstraite », publié par Piet Mondrian dans la revue De Stijl en 1920

En cette fin d’année, la galerie B+ accueille deux artistes qui revendiquent clairement leur appartenance au monde du stylisme, du modélisme, du design graphique et de l’illustration, de la communication visuelle ou de la décoration. Elles ont fermement installé leur travail sur cette limite du partage des eaux de l’Art et de la vie, des signes et des choses, des œuvres contre les produits, du sublime pour les uns contre la trivialité du nombre pour les autres. Faut-il rappeler que ce choix d’une certaine « confusion des genres » (qu’on trouvera contemporain si l’on parle trop vite) n’est pas vraiment neuf dans l’histoire moderne qui a toujours vécu cette tension des antagonismes de l’art et de leurs partisans...

Ces artistes confrontent leur goût de la géométrie pour l’abstraction progressive des formes de la nature, par l’emploi de figures comme les plans, les lignes, les volumes simples ou par des règles qu’elles s’imposent à elles-mêmes avec plus ou moins de systématisme dans le choix de leurs palettes.

Séverine Dietrich utilise des aplats de couleurs vives dans une gamme simplifiée aux tons plutôt primaires pour abstraire par schématisation les formes claires de paysages où se respire un air vif. Ici la géométrie de composition n’est pas celle des horizontales et des verticales des années doctrinales mais celles des lignes brisées et des diagonales qui semblent architecturer des plans, des reliefs en déséquilibre dans une veine plus naturaliste où un quasi paysage est soutenu par une structure abstraite et dynamique.

Hélène Lameloise, qui a beaucoup pratiqué le collage, adopte désormais un parti plus abstrait avec, dans certains travaux, le recours à une gamme de tons voisins et automnaux, autour des rouges, des ocres et des verts. Ces teintes se répartissent dans des formes géométriques plus assouplies qui semblent s’imbriquer les unes dans les autres sans s’exclure. Ici, la composition en fragments semble aider l’artiste à se concentrer sur ce qui lui est plus cher que la question de la forme, c’est à dire la couleur avec sa texture, sa brillance et son épaisseur dans un amour de l’huile.

Les ingrédients du plaisir : un vocabulaire sobre et doux au service d’une correspondance tranquille entre les formes, leurs phrases colorées, les plans et nos structures intimes de reconnaissance d’un paysage réel ou mental. Laissez-vous aller.

Christian Sozzi I Galerie B+ Lyon Novembre 2018

                                                                                                                                    

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