28 février - 28 mars 2020
vernissage jeudi 27 février
All over la vie
La matière est docile. Les formes s’enroulent, se divisent en cellules captives dans des bulles qui s’étirent, s’arrondissent et tentent en vain de se désunir. Les courbes hésitent à former de nouvelles combinaisons, se bousculent sans repos, s’extraient pour former d’autres amas. C’est l’excès d’un flux jamais apaisé dans un effort d’énergie incessant, incorporant des poussées, des étirements et des contractions. Dans la trame de ces compositions souples, aucune ligne droite ne tend ces objets singuliers tracés d’une main libre et toujours en prolongement d’eux-mêmes. Il arrive que ces formes soient des taches qui font mine d’être spontanément surgies de rien comme si elles devaient tout au hasard. Aucun élément n’est ainsi l’ombre ou le reflet de l’autre mais le témoignage d’une ouverture toujours active et d’une production glissant horizontalement d’un désir à l’autre. Le courant d’une onde.
Si l’ensemble est abstrait, la peinture de Maximilien nous parle d’un réel collé au corps, sous le charme du plaisir un peu régressif de l’engloutissement. Tout est peau. Failles, blessures, rides et plis. Entre fondation solide et expansion explosive, la peinture est tactile et véhémente sans démesure. Dans la franchise des touches, la fluidité des aplats, la force des collages, le geste a de la fougue mais sans débordement, comme s’il voulait retenir une charge d’émotion dans une structure qui la protège. Il est question de formes informes telles des amibes qui cherchent l’accomplissement, se bordent de cernes et, sitôt installées, fuient plus loin pour échapper à des forces de dilatation et de désagrégation qui les menacent. Ici et là, des mouvements de vase montant du fond de la matière rident la surface d’un milieu liquide éclairé d’une lumière rasante.
Sur une ligne de crête entre abstraction et figuration, Maximilien capture du temps. Par sa peinture de geste, il nous dit le moment strict de l’exécution d’une forme expressive comme il installe la longue durée d’une composition stable qui s’ordonne en emboitant patiemment ses pièces. La couleur scande le rythme primaire et pulsatile d’un glam rock assourdi ou aigu dans le tempo des pics et des plages de plaisir en résine. Le vitalisme d’une floraison mandarine ou lilas. Des fréquences douces dans une ambiance acidulée de mousse de polyuréthane. Des bleus vifs et pastels, des jaunes pâles, des roses magentas ou luminescents qui assument, droit dans les yeux, un certain geste décoratif. Dans cette immersion sensorielle qui est chemin vers le corps, la peinture transforme les couleurs inertes en accords de ton. Le spectacle d’une émulsion. La ruée des teintes, de turquoise en orangé, pour entrainer le spectateur dans la fraicheur d’une ligne toujours mélodique.
Christian Sozzi I Galerie B+